LA NON DUALITÉ

Voici une expression qui revient souvent dans le domaine du développement personnel et plus particulièrement dans le monde du Tantra.

Je pense que pour poser clairement ce qu’est la non dualité, il faut commencer par énumérer tout ce qui a fait la dualité au cours de notre parcours de vie.

Pour les religions :
Je viens d’une famille d’orientation chrétienne, alors je ne parlerais que de ce que je connais le mieux, mais nous pouvons retrouver cela dans d’autres éducations religieuses.

Le bien est opposé au mal, valeur imposée par les institutions religieuses. Si on se comporte bien on va au paradis et si on fait du/le mal on va en enfer.

On pourrait lister ce qui nous a été transmis (mais la liste serait très longue), voici quelques exemples ci-dessous :

  • La procréation c’est bien,
  • Le sexe c’est mal (dans le sens du plaisir),
  • La gourmandise c’est mal,
  • ….

Je vous fais écho d’une conversation que j’ai eu un jour avec un séminariste (futur prêtre) dans un train. Il était assis en face de moi et me regardais fixement. Son regard allait de la couverture de mon livre dont aux mouvements de ses yeux on pouvait comprendre qu’il lisait le titre, jusqu’à mon visage.

Le livre était : « L’art de l’extase sexuelle (La voie de la sexualité sacrée et du Tantra pour les couples occidentaux) » de Margo Anand Naslednikov.

J’avais remarqué aussi qu’à chacun de ses aller/retour, il avait des petits mouvements, comme s’il voulait engager la discussion sans en trouver la manière ou le courage. Cela a duré 20 bonnes minutes.

Après quoi, j’ai marqué ma page, posé le livre sur mes genoux et l’ai regardé, tout en engageant la conversation en lui disant que j’avais bien remarqué que mon livre avait l’air de l’intéresser.

Une longue conversation s’est instaurée sur ce qui il était/qui j’étais, sa foie / la mienne, le livre, et forcement le Tantra dont il ne connaissait que très peu de choses. Puis, pour revenir à ce qui nous intéresse « La non dualité », je vous livre ses paroles et ma dernière question sur la non dualité :
« …
– Le prêtre : Dieu c’est le bien et le Diable c’est le mal ! Il y a inévitablement 2 opposés dans la religion comme dans la vie !
– Moi : Mais qui à créer le Diable ? C’est bien un fils de dieu, archange déchu qui vivait au Paradis avant de se retrouver en enfer, non ?
Alors si Dieu est le bien, pourquoi a-t-il engendré le mal ?
 »
A cette question de ma part, point de réponse claire de la sienne !
Bref, même dans la religion on est embêté par la non dualité.

Il en ressort quand même dans la religion que la notion de plaisir est absente et serait connotée comme « pas bien ».

Pour la société :
Je vais prendre un exemple très loin du développement personnel et ce volontairement pour mettre en évidence que la dualité est de partout autour de nous.

La Société est régie par une myriade de loi, nous indiquant ce que nous avons le droit de faire et sous quelles conditions cela nous est permis.

Prenons un exemple :

  • Je peux devenir propriétaire de la maison de mes rêves et la faire construire. C’est autorisé !
    • Je peux si je dépose un permis de construire qui doit respecter les règlements d’urbanisme du lieu où je veux faire bâtir.
  • Je veux une maison avec des fenêtres arrondies et je voudrais un crépi bleu (par exemple) !
    • La règle est que je dois avoir des fenêtres carrées et un crépis ton clair.

Adieu mon rêve, je dois rentrer dans la norme si je veux ma maison ! Peut-être que votre rêve est ailleurs ? Si vous y tenez, il se verra réalisé.

Et l’on peut prendre le cas des voitures, de la liberté d’expression, de la recherche d’un emploi, …. Il faut rentrer dans les cases et savoir oublier/moduler ses rêves.

Pour la famille :
La première fois où nous allons rencontrer la dualité, c’est au sein de notre famille, et oui !

Je ne ferais que prendre quelques exemples :

  • Si tu veux ton dessert, commence par finir ton assiette !
    (je n’aime pas le chou-fleur et tu en fais quand-même à chaque fois !)
  • Ne touche pas ton zizi, ce n’est pas bien !
    (pourtant c’est bon !)
  • Si tu veux sortir de table, demande la permission !
  • Si tu veux une tartine de confiture pour ton goûter, ranges les courses d’abord !
    (je voulais le faire après !)
  • Tu seras médecin mon fils ! Avec la mécanique, tu n’arriveras nulle part !
    (mon mécano est bien la preuve que non !)

Dans tous les cas de figure :
Il faut correspondre à ce que notre famille attend de nous et reprendre ses valeurs.
Il faut respecter des règles édictées par un système religieux et faire le bien.
Il faut vivre dans une société normative qui régit chacune des facettes de notre vie quotidienne.

Et nous là-dedans, où sommes-nous ? Nos envies, nos aspirations, nos besoins, où sont-ils ?

Pourtant à notre naissance nous sommes toutes et tous des êtres Tantriques ne connaissant pas la dualité !

Exempt de toutes ses règles, règlements et attentes, nous étions innocents.

Alors, après avoir vu tous ces cas de figures, qu’est-ce que la « non dualité ?

C’est de retrouver cette petite fille ou ce petit garçon qui est en chacune et chacun de nous, qui se foutait bien de tout ce que l’on pouvait attendre de lui, de tout ce qui est bien ou pas bien de faire !

C’est savoir accueillir tout ce qui se présente à nous, dans le bon comme dans le mauvais.

Nous n’appartenons à personne, notre corps n’est qu’à nous, c’est notre temple sacré. Nos sensations, nos envies, nos besoins, ne regardent que nous.

  • Dans le cas de l’enfant qui se découvre, il explore son corps et tombe sur son sexe, il se dit : « Tient, c’est bon là, alors je continu de toucher et d’explorer cette zone ! ».
    Dans ce cas, c’est accueillir la notion du « si c’est bon pour moi, alors je le fais » ! Sans se poser dans le sens du jugement : ça ne se fait pas, ce n’est pas bien, c’est pêcher, etc. … Vous en avez envie ? C’est bon pour vous ? Accueillez cela et faite le d’une façon présente, sachez en tirer la quintessence.
  • Dans le cas de l’enfant qui apprend à marcher mais dont les mouvements de la locomotion ne sont pas encore bien acquis, il ressent le plaisir de pouvoir se déplacer. Et bien sûr, il finit aussi par tomber. Il est surpris, pleure, et se relève et se remet en joie de pouvoir se déplacer.
    Le cas de la chute peut être assimiler chez les adultes à un échec (travail, couple, bricolage, cuisine, etc.).
    Dans ce cas c’est accueillir la chute comme une expérience de vie, et non comme un échec !
    Allez rencontrer ce que cela vous envoie comme émotion, peur, frustration, notions négatives. Comprenez et accueillez le pourquoi et mettez cela dans la case expérience. De cette manière vous pourrez continuer d’avancer. On tombe, certes ! Mais on se relève aussi ! Et l’on devient plus fort !
  • Dans le cas de l’enfant qui s’émerveille devant une fleur et qui vous l’apporte dans une joie qui le déborde.
    Le cas de savoir encore s’émerveiller des choses simples qui nous entoure, ici une fleur. Oui, c’est une fleur, d’accord et alors ? Vous pourriez me donner cette réponse.
    Mais cette fleur, avez-vous pris le temps de la regarder attentivement ? Quelle est sa couleur ? La forme et le nombre de ses pétales, leur douceur ? Comment son ses étamines ? Et son parfum, est-il doux ? Le lieu où vous l’avez trouvé ?
    Prenez le temps de la découverte ou de la redécouverte. Pour chacun des sens mis en action pour cette découverte, associez le souvenir de ce qu’il vous évoque.
    Ex : Le parfum d’une jonquille ou narcisse (c’est le moment dans mon jardin), à quoi vous fait-il penser, vous rappel t’il peut-être l’odeur qui régnait dans le jardin de vos grands-parents lorsque vous y étiez en vacances ?
    Prenez le temps nécessaire pour être présent. Et il n’est pas incertain qu’en faisant cela, un sourire puisse venir illuminer votre visage !

La non dualité c’est tout cela, c’est savoir accueillir ce qui est bon pour soi et ce qui ne l’est pas, avec la même attention.

Ne pas être dans la peur du jugement de la société (dans le cas de la fleur, de paraître un doux dingue), de sa famille (qui se dit que vous auriez pu ranger le garage au lieu de perdre du temps à cela), de son égo (et oui, il est toujours là, on en a besoin pour vivre et se préserver, mais il est bien aussi de savoir lui donner congés de temps en temps).

Ce n’est pas une recette miracle ! Et je ne détiens pas (oh ! que non) la parole divine !
Mais, si vous prenez le temps d’accueillir en vous tout cela (le bon comme le mauvais) et de le faire de façon présente (on dit en conscience) et hors jugement pour vous ou les autres. Alors, vous verrez que bien des choses vont changer dans votre vie, en commençant par la relation à vous-même !

Avec amour,
Stéphane.

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